La Zakat, qui signifie en arabe purification, croissance et bénédiction, incarne un double impact : elle purifie les biens et le cœur de celui qui l’acquitte, tout en renforçant sa foi et son lien avec Dieu. Elle symbolise une promesse de prospérité divine, loin d’être une diminution des biens, comme certains pourraient le croire en la négligeant. Pour le pauvre qui la reçoit, la Zakat représente une véritable croissance, tant sur le plan financier que spirituel, lui offrant espoir et dignité. En outre, elle joue un rôle essentiel dans la société en favorisant la solidarité, la fraternité et la paix sociale, en tissant des liens profonds entre riches et pauvres, et en instaurant une harmonie collective fondée sur le partage et la bienveillance.

Tout musulman pubère et ayant la raison, qu’il soit homme ou femme, doit posséder pendant une année lunaire le Nissab, c’est-à-dire le minimum de biens rendant la Zakat obligatoire.

La majorité des écoles, à savoir Malikite, Chafi’ite et Hanbalite, soutiennent également que les personnes riches qui ne sont ni pubères ni raisonnables sont également tenues de s’acquitter de la Zakat. 

Si par exemple une personne atteint le Nissab (595G  d’argent ou 85G d’or 24 carats) le 1er Ramadan de l’année passée, alors elle doit acquitter la zakat le 1er Ramadan de l’année actuelle si la somme est toujours supérieure ou égale au Nissab à cette date. Donc acquitter la Zakat au mois de précédent Ramadan n’est pas une nécessité sauf si le Nissab a été acquis en ce mois.

La majorité des savants contemporains, expliquent que le calcul de la Zakât peut se faire en prenant comme base soit la valeur de l’or, soit celle de l’argent.

Chacun de ces métaux a un seuil (nisâb) précis, correspondant à 85 grammes d’or ou 595 grammes d’argent. Les deux méthodes sont valides en Islam.

Cependant, de nombreux savants recommandent aujourd’hui de se baser sur la valeur de l’argent, car son seuil est plus bas, ce qui permet à davantage de personnes de s’acquitter de la Zakât et d’aider un plus grand nombre de pauvres. Voici les avis de plusieurs éminents savants :

L’avis de Cheikh Ibn Bâz (رحمه الله)

Cheikh Ibn Bâz a expliqué que les deux méthodes sont correctes, mais il insiste sur l’importance de respecter le seuil précis selon le métal choisi. Il déclare :

“Le seuil de la Zakât pour l’argent est de 595 grammes. Si une personne possède cette quantité ou plus pendant une année lunaire complète, elle doit s’acquitter de la Zakât, soit 2,5 % du montant total. Choisir l’argent permet souvent d’aider davantage de nécessiteux, car son seuil est plus accessible que celui de l’or.”

“نصاب الزكاة في الفضة هو 595 جرامًا. إذا ملك الشخص هذا المقدار أو أكثر لمدة سنة قمرية كاملة، وجب عليه إخراج الزكاة بنسبة 2.5% من المبلغ الإجمالي. اختيار الفضة يساعد غالبًا في إعانة عدد أكبر من المحتاجين لأن نصابها أقل من نصاب الذهب.”

(Source : Majmû’ Fatâwâ Ibn Bâz, vol. 14, p. 125)

L’avis de Cheikh Ibn ’Uthaymîn (رحمه الله)

Cheikh Ibn ’Uthaymîn, tout en confirmant la validité des deux options, encourage également à se baser sur l’argent pour maximiser les bienfaits de la Zakât. Il affirme :

“Il est préférable de se baser sur le seuil de l’argent pour le calcul de la Zakât, car cela permet d’aider un plus grand nombre de pauvres. C’est en accord avec l’esprit de la charia, qui vise à soulager les nécessiteux et à réduire les inégalités sociales.”

“من الأفضل الاعتماد على نصاب الفضة في حساب الزكاة، لأن ذلك يساعد في إعانة عدد أكبر من الفقراء، بما يتوافق مع روح الشريعة التي تهدف إلى دعم المحتاجين وتقليل الفوارق الاجتماعية.”

(Source : Charh al-Mumti’)

Cheikh al Fawza, quant à lui dit 

“Aujourd’hui, se baser sur le seuil de l’argent est préférable car son taux est bas, ce qui rend la Zakât obligatoire pour un plus grand nombre de personnes. Cela correspond mieux aux objectifs de la charia, qui vise à soutenir les nécessiteux et à réduire les inégalités sociales.”

“في زماننا، الاعتماد على نصاب الفضة أولى لأن قيمتها منخفضة، مما يجعل الزكاة واجبة على عدد أكبر من الناس. وهذا يتماشى مع مقاصد الشريعة التي تهدف إلى دعم الفقراء وتقليل الفوارق الاجتماعية.”

L’Assemblée des Grands Savants d’Arabie Saoudite a également abordé ce sujet, confirmant que la priorité doit être donnée à l’argent pour refléter les besoins des pauvres:

“Puisque le seuil de l’argent est plus accessible que celui de l’or, il convient de s’y référer afin d’augmenter l’impact de la Zakât et de mieux répondre aux besoins des nécessiteux, conformément aux principes de la charia.”

“نظرًا لأن نصاب الفضة أقل من نصاب الذهب، فمن المستحسن الأخذ به لزيادة تأثير الزكاة وتلبية احتياجات الفقراء بما يتوافق مع مقاصد الشريعة.”

Conclusion : Les savants sont unanimes sur la validité des deux options (or ou argent) pour le calcul de la Zakât. Cependant, ils recommandent de privilégier la base de l’argent, car son seuil plus accessible permet d’augmenter l’impact social de la Zakât en aidant un plus grand nombre de nécessiteux. Cela reflète l’objectif principal de la Zakât : purifier les biens et renforcer la solidarité dans la société.

La question de la Zakât sur les bijoux destinés à l’ornement personnel a été discutée par les savants, et deux principaux avis se dégagent.

1. L’avis de la majorité des savants : Pas de Zakât sur les bijoux d’ornement

La majorité des savants, parmi lesquels les Malikites, Shafi’ites, et Hanbalites, considère que les bijoux en or et en argent destinés à l’ornement personnel de la femme ne sont pas soumis à la Zakât. Cet avis repose sur plusieurs arguments solides, tirés des textes et de la pratique des compagnons.

Les preuves :

Le hadith de Jabir ibn Abdillah (رضي الله عنه) :

Le Prophète (ﷺ) a dit clairement :

“Il n’y a pas de Zakât sur les bijoux.”

(Rapporté par al-Bayhaqi, classé authentique par al-Albani dans Irwâ’ al-Ghalîl).

Ce texte établit explicitement que les bijoux utilisés comme parure ne sont pas soumis à la Zakât.

La pratique des compagnons :

 Il est rapporté qu’Aïsha (رضي الله عنها) et d’autres femmes des compagnons portaient des bijoux d’ornement sans s’acquitter de la Zakât, et cela sans objection de la part des savants de leur époque.

(Mentionné par Ibn Abi Shaybah dans al-Musannaf).

Les paroles des grands savants :

Imam Malik (رحمه الله) déclare dans al-Muwatta’ :

“Les bijoux utilisés pour l’ornement ne sont pas soumis à la Zakât, car ils sont considérés comme des biens d’usage similaires aux vêtements et aux ustensiles.”

Imam al-Nawawi (رحمه الله) affirme dans al-Majmû’ :

“Dans notre école (Shafi’ite), il est établi que les bijoux d’ornement sont exempts de Zakât, et c’est l’avis de la majorité.”

Les Malikites ajoutent toutefois une précision importante : si les bijoux sont accumulés et inutilisés ou conservés à des fins de thésaurisation, ils deviennent des richesses capitalisées et sont alors soumis à la Zakât.

2. L’avis des Hanafites : Zakât obligatoire sur les bijoux

Les savants de l’école hanafite ont une position différente. Selon eux, les bijoux en or et en argent, même s’ils sont destinés à l’ornement personnel, sont soumis à la Zakât si leur poids atteint le seuil imposable (nisâb), soit 85 grammes d’or ou 595 grammes d’argent.

Les preuves :

Le verset du Coran (Sourate at-Tawbah, 9:34) : “Et ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce-leur un châtiment douloureux.”

Les Hanafites interprètent ce verset comme une preuve que tout bien en or ou en argent, même utilisé pour l’ornement, reste soumis à la Zakât.

Le hadith d’Umm Salama (رضي الله عنها) :

Umm Salama a dit :

“Je portais des bracelets en or, et j’ai demandé au Prophète (ﷺ) : ‘Est-ce que cela est considéré comme un trésor (thésaurisé) nécessitant la Zakât ?’ Il répondit : ‘Si cela atteint le seuil imposable, alors paye la Zakât.’ “

(Rapporté par Abû Dawûd et authentifié par al-Albani).

Les paroles des savants hanafites :

• Imam Abû Hanîfa (رحمه الله) estime que l’or et l’argent, en tant que métaux précieux, restent soumis à la Zakât, même lorsqu’ils sont utilisés pour l’ornement.

• Ibn Abidin explique dans Radd al-Muhtâr :

“L’usage personnel des bijoux ne les exonère pas de la Zakât, car ils sont des métaux précieux soumis à une règle particulière.”

Il n’est pas possible de la donner à ses ascendants (son père, sa mère et ses grands-parents), à ses descendants (son fils, sa fille et ses petits-enfants) et à sa femme. Car l’homme doit prendre en charge sa femme, ses enfants et ses parents pauvres s’il en est capable. Du coup, donner la Zakat à ces trois catégories revient à la donner à sa propre personne.

Certains Savants autorisent à la femme riche de donner sa Zakat à son mari pauvre car elle n’est pas tenue de le prendre en charge. De même, certains hadiths authentiques vont dans ce sens. Mais d’autres Savants (comme Abou Hanifah) n’autorisent pas cela car la femme va, finalement, se nourrir de son propre argent chez son mari, or la Zakat ne lui est pas autorisée vu qu’elle n’est pas pauvre.

D’après la majorité, il est autorisé de la donner aux pauvres parmi ses frères, ses sœurs, ses neveux, ses oncles, ses tantes et ses cousins. A ce moment-là, elle apportera, d’après un hadith de Bukhari et Muslim, un salaire double, celui de l’aumône et celui du lien familial.

Contrairement à la Zakat obligatoire, la Sadaqah (aumône surérogatoire : sunnah) peut être donnée à tous les proches (mari, femme, ascendants, descendants et les autres).